LES TENDANCES NUMÉRIQUES 2016 DANS LES BIBLIOTHÈQUES : FACE À LA FÉODALITÉ NUMÉRIQUE, LE PARTAGE RÉEL

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LES TENDANCES NUMÉRIQUES 2016 DANS LES BIBLIOTHÈQUES : FACE À LA FÉODALITÉ NUMÉRIQUE, LE PARTAGE RÉEL

Sven Totté, Directeur – Division Bibliothèques publiques – Axiell

Le partage, de savoir, d’expérience, de savoir-faire, est le ciment des sociétés et l’une des missions essentielles des bibliothèques.

Certes, internet est une force amplificatrice du partage et conduit même certains à remettre en cause l’utilité des bibliothèques. Pourtant, comment ne pas voir que le partage sur internet est en train de devenir une réalité tellement hiérarchisée qu’elle en est presque « féodale », sous la férule de géants tels qu’Amazon ou Uber ? Face à une telle évolution, les bibliothèques restent pratiquement les seules sources d’une information équitable et sans condition, pour le public.

La notion de « partage » est fondamentale pour les bibliothèques. C’est leur colonne vertébrale idéologique et leur mission. Cela a toujours été le cas, puisque les bibliothèques ont toujours voulu faire partager l’accès à l’information et au savoir. Depuis l’émergence du web 2.0, les bibliothèques ont étendu la notion de partage aux groupes sociaux, pour faire connaître leurs histoires, leurs expériences et les aider à mieux se connaître.

Les musées et les archives publiques ont un fonctionnement similaire, même si les musées sont souvent payants.

Nous sommes frappés par le succès énorme des entreprises fondées sur la notion de « partage », comme Uber ou AirBnB. Elles sont l’exemple-même de ce que l’on appelle l’économie internet « de rupture ». Il en va de même pour Amazon et ses ventes de « longue traine » ou sa plateforme d’autopublication ; chacun peut désormais publier ses livres numériques à compte d’auteur et tous peuvent acheter. Bref, le « partage commercial » est une tactique couronnée de succès. D’une certaine manière, même Spotify, un seul service pour tous, est une forme de partage.

Pourtant, les réactions négatives à ces formes de commerce sont nombreuses, comme le démontre par exemple le trouble créé par Uber : « liberté » des chauffeurs Uber ou ordre féodal de l’économie ? Quelques-uns contrôlent l’ensemble de la filière et gagnent énormément d’argent sur le travail effectué par un grand nombre d’opérateurs sans droit ni revenu suffisant.

Plus encore, Amazon, comme Uber, sont accusés, dans les contrats qu’ils imposent, de contraindre leurs partenaires, de réduire les revenus de ceux-ci (ou de créer les conditions de revenus inévitablement faibles) et de dégrader les conditions de travail des opérateurs. Paradoxalement, ces entreprises sont louées pour leur capacité d’initiative et pour la satisfaction des demandes de millions de clients. Concernant Amazon, certains iront même jusqu’à dire que le marché de l’édition se porte mieux grâce à la qualité et à la neutralité de l’offre de cette société.

Mais le « partage réel » est un partage égal. Le partage, dans les bibliothèques, est offert à tous. Personne n’est ostracisé ; personne n’a de handicap de départ. Historiquement, les bibliothèques offraient une information difficile d’accès et des ouvrages physiques rares et chers. Aujourd’hui, elles se transforment en centres de médiation du savoir, de la culture, de la créativité et de la citoyenneté démocratique. Elles invitent activement leurs usagers à s’inscrire dans cette dynamique.

Atteindre tous les membres du corps social, individuellement ou collectivement, faire circuler les savoir et les savoir-faire en les conservant et en les signalant, voici de nouveaux défis qui requièrent de nouvelles formes d’organisation. Conserver et faire connaître la mémoire des gens et leurs ressources intellectuelles est une tâche qui peut être supervisée par la bibliothèque mais dont il vaudrait mieux qu’elle soit gérée sur une plateforme sociale en ligne. Cette plateforme peut être l’un des éléments de la structure de gestion de la bibliothèque, dotée d’une interface publique de navigation accessible sur tout type de terminal. La technologie qui sous-tend ce concept est disponible. C’est le travail qui va être accompli à partir de cette solution technologique qui est crucial. Aux bibliothécaires de faire connaître cette offre de partage, de légitimer la bibliothèque dans son nouveau rôle d’opérateur d’une communauté sociale ouverte au partage et publique, et de mettre en relation les citoyens pour leur plus grand avantage mutuel.

Cet article de blog provient d’une série sur « les tendances numériques à venir pour les bibliothèques en 2016 ». Lire les autres articles ici :

Comment une bibliothèque peut-elle avoir plus d’impact sur son public?

Bibliothèques et numérique: les grandes tendances pour 2016

L’obsession du présent – Tendances numériques pour les bibliothèques

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